Si vous croyez qu'investir dans la pierre vous protège des piratages informatiques, vous vous trompez. Aux Etats-Unis, le Federal Bureau of Investigation rapporte qu'entre 2015 et 2017, le nombre de victimes de piratages immobiliers a été multiplié par plus de dix. Et les pertes par plus de 20... Sur la seule année 2017, précise le FBI, quelque 10.000 victimes se sont manifestées. Total accumulé des pertes : 56 millions de dollars.

James et Candace Butcher font partie de ces victimes. Ils allaient enfin acheter la maison dont ils rêvaient pour leurs vieux jours en faisant un virement électronique de 272.000 dollars. Mais quelques heures plus tard, la somme s'était volatilisée. Des "hackers" avaient piraté la boîte mail de l'intermédiaire chargé de faire transiter les fonds, modifié les informations bancaires et récupéré l'argent de ce couple du Colorado, peut-on lire dans leur plainte.

⋙ Lire aussi Crédit immobilier : des taux toujours riquiquis en cette rentrée

L'immobilier est une cible de choix pour les hackers, qui peuvent compter sur des systèmes électroniques peu sécurisés dans ce secteur, et espérer récupérer de très grosses sommes."Dans ces dossiers, le pirate connaît tous les détails de la transaction, des choses complètement confidentielles", relève Me Hicks, qui s'occupe de plus d'une dizaine de dossiers similaires dans tous les Etats-Unis.

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

Un danger pour le secteur immobilier

L'immobilier ne représente qu'une petite partie de la fraude aux virements électroniques mais ces piratages ont des conséquences particulièrement catastrophiques dans ce secteur. "La perte peut être dévastatrice et détruire des vies", insiste l'avocat Ian Hicks. Dans la capitale américaine, Washington, un couple affirme avoir perdu 1,5 million de dollars. Outre les sommes importantes en jeu, l'immobilier est particulièrement visé car les salariés du secteur "ne sont pas les plus férus de technologie", explique Sherrod DeGrippo, responsable des menaces au sein de Proofpoint, spécialisé dans la sécurité informatique.

⋙ Lire aussi E-commerce : 6 conseils pour vous protéger des pirates

De plus, les futurs acheteurs sont souvent des proies faciles. Les pirates profitent du fait que "lorsqu'on est en train d'acheter le foyer de ses rêves, on est souvent dans un état de grande intensité émotionnelle", qui peut rendre moins méfiant, explique-t-elle. Ces arnaques semblent venir de l'étranger, peut-être de Russie ou d'Afrique, utilisant de nombreuses techniques pour échapper à la police, notamment en faisant circuler l'argent de banque en banque, explique encore Sherrod DeGrippo.

La suite sous cette publicité
Publicité

"Les banques ont des systèmes de contrôle très solides" mais ne peuvent généralement rien contre les arnaques provenant d'emails piratés", explique Paul Benda, spécialiste cybersécurité de l'American Bankers Association. Quand les banques "reçoivent des ordres de virement de la part d'un client, elles ont la responsabilité de l'envoyer là où c'est indiqué", ajoute-t-il. Ce dernier explique que les consommateurs doivent comprendre qu'un virement, c'est "comme du liquide" et l'argent peut être impossible à récupérer, surtout s'il se retrouve à l'étranger.

⋙ Lire aussi Immobilier locatif : qui de vous ou du fisc va y gagner en 2019 ?

Un secteur qui va devoir s'armer face à la menace

Les plaintes des consommateurs visent souvent les agences immobilières, les avocats, les banques... toutes sortes d'intermédiaires. Lors d'un achat immobilier, "il y a beaucoup de gens impliqués" et les voleurs "peuvent pirater n'importe quelle partie prenante", déplore Finley Maxson, juriste à l'Association nationale des agents immobiliers.

La suite sous cette publicité
Publicité
La suite sous cette publicité
Publicité

Et "ces emails sont devenus beaucoup plus sophistiqués, ils sont bien plus durs à détecter", dit-il encore, précisant que son association, comme d'autres, tentent de sensibiliser au problème, en particulier en conseillant de ne jamais donner les informations de virement par courriel.

⋙ Lire aussi Vols de données: banques et "fintech" s'arment contre les pirates

Plusieurs condamnations ont déjà été prononcées outre-Atlantique. En juin dernier, un tribunal fédéral de Kansas City a condamné une agence immobilière à rembourser aux acheteurs quelque 85 % de la somme piratée. Les hackers s'étaient fait passer pour l'agence immobilière auprès des clients, et avaient envoyé à ces derniers des coordonnées bancaires frauduleuses afin de récupérer les fonds.

Car pour les avocats des victimes, la responsabilité revient en partie aux professionnels du secteur qui doivent particulièrement s'assurer que leurs systèmes sont sûrs et que les informations transmises aux clients sont adéquates. "Tant que les professionnels n'auront pas à payer (en cas de piratage), ils ne feront pas le nécessaire pour protéger le consommateur", estime Ian Hicks.