En fin de semaine dernière, de nombreux acteurs du monde judiciaire ont eu la désagréable surprise de recevoir sur leur boîte mail professionnelle un courriel en provenance d’un expéditeur (dont l’identité correspondait à un interlocuteur connu), reprenant l’historique de certains échanges réels ayant eu lieu par le passé mais derrière lequel se cachait une tentative de piratage, comme l’a révélé, le 5 septembre, Le Journal du dimanche.
Les services du ministère de la justice, plusieurs juridictions dont le tribunal judiciaire de Paris, mais aussi certains avocats parisiens ont été destinataires de ces courriels sans que l’on puisse pour autant affirmer que tel ou tel était précisément ciblé. Le procureur de Paris, Rémy Heitz, qui fait partie des personnes visées, a décidé dans la foulée d’ouvrir une enquête préliminaire pour « atteinte contre des systèmes de traitement automatisé de données à caractère personnel mis en œuvre par l’Etat » et a confié la conduite des investigations à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).
« Les systèmes de protection ont détecté et entravé la plupart des attaques et la situation est restée sous contrôle », indique une source proche du dossier. « L’impact sur l’opérationnel a été minime », assure-t-on du côté du tribunal judiciaire de Paris. Certains actes, pourtant, ont dû être reportés. L’avocat Jean-Marc Delas a précisé au Monde qu’il n’avait pas pu se servir de son ordinateur pendant plus d’une journée et qu’après avoir ouvert le courriel, plusieurs personnes de son entourage avaient reçu à leur tour des mails prétendument envoyés par lui.
Le ministère de l’intérieur était, au même moment, sujet à une offensive similaire. Dans un message distribué le 2 septembre à ses agents, et dont Le Monde a pris connaissance, le ministère a mis en garde contre « des milliers de courriers électroniques accompagnés d’une pièce jointe malveillante » qui « usurpent une identité appartenant au ministère » et dont le contenu reprend « des sujets et d’anciens messages légitimes ». Dimanche, la place Beauvau indiquait « filtrer » les documents aux formats « .doc » pour prévenir la contamination.
« C’est assez massif »
Les enquêteurs de la DGSI vont devoir lever une importante incertitude : les pirates ont-ils visé sciemment des acteurs régaliens ? Les premiers éléments laissent penser qu’il s’agit d’une attaque plus vaste qui ne ciblait pas spécifiquement le monde de la justice.
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